A l’occasion de la sortie de son livre « VIVA LA ROBOLUTION! » le 5 Mai 2010, Bruno Bonnell – ancien PDG de la société Infogrames – et actuel dirigeant deRobopolis, entreprise spécialisée dans la distribution de robots et les applications pour la robotique, a été interviewé par les Echos. Il nous fait ainsi part de sa vision des robots, de la robotique et de leur avenir…
En France comme au Japon, des chercheurs travaillent sur des robots destinés à aider les humains, notamment les personnes âgées. Ces robots devront-ils avoir une forme humanoïde ?
L’assistance à la personne peut passer par une forme humanoïde, mais cela prendra plusieurs années. Dans un premier temps, elle passera par des « objets intelligents » qui n’auront pas du tout une forme humaine. Un robot, à la base, c’est une machine dotée de trois parties : des capteurs (pour percevoir leur environnement), un processeur (pour déterminer une action) et un actionneur (pour agir). Rien ne dit qu’elle doive avoir une forme humanoïde !
La relation, voire les émotions que nous procureront un objet intelligent, ne viendra pas de sa forme, mais de l’indépendance et de la confiance que nous pourrons lui accorder.
Il faut aussi noter que l’homme n’est qu’une option parmi les formes biomécaniques que l’on trouve dans la nature : il y a aussi des quadrupèdes, des fourmis, des araignées, des serpents… En robotique, il y aura autant, sinon plus d’options que dans la nature, selon les fonctionnalités voulues.
Plus d’informations sur l’Interview de Bruno Bonnell par les Echos: « Je ne crois pas au robot universel » dans la suite …
Le choix d’imiter le corps humain est aussi lié au fait que cette forme nous semble la plus adaptée à accomplir un grand nombre de tâches.
Oui, mais c’est avant tout parce que nous avons adapté notre environnement à la forme humaine : les marches d’escalier, les tables, les chaises ont une certaine hauteur adaptée à l’homme. Du coup, aujourd’hui, on se dit que la structure de base humanoïde (un tronc, une tête, deux bras, deux jambes) rendrait le robot plus pratique.
Mais on peut inverser la question : peut-être faut-il adapter notre environnement aux robots ? C’est ce qui se fait par exemple dans les usines, avec des parcours modifiés pour que les robots circulent. Demain, si l’on veut des robots nettoyeurs dans les bureaux, il faudra prévoir leur circulation… et sans doute changer la forme des poubelles !
Le robot à tout faire est-il une utopie ?
Ma conviction est que nous serons entourés, voire envahis d’objets intelligents sous différentes formes. Je ne crois pas du tout au robot universel : il y aura des lits, des fauteuils, des régulateurs de température… qui auront tous une « intelligence » à notre service. Il y aura même des humanoïdes, mais avec des fonctions spécifiques – par exemple pour les loisirs. On peut faire le parallèle avec l’évolution du PC : à l’origine l’ordinateur était une machine à tout faire qui, avec l’arrivée d’Internet, est devenue juste une sorte de super téléphone dont nous utilisons qu’une petite partie de la puissance.
Et, dans le même temps, il y a des processeurs – donc des sortes d’ordinateurs -dans tous les objets qui nous entourent : voiture, machine à laver, téléviseur… Dans la robotique, nous allons vivre une évolution inverse : on rêve d’un outil total que l’on ne sait pas réaliser, mais, avant d’y parvenir, il y aura de l’intelligence dans beaucoup d’objets autour de nous.
Source : Les Echos, par Benoît Georges